Title reads: Carceral Food Systems under an image of a tomato plant and a chain intertwined. The tomato plant appears to break through the chains.

À propos de cette revue

Canadian Food Studies / La Revue canadienne des études sur l’alimentation est la revue en ligne et en libre accès de l’Association canadienne d’études sur l’alimentation. Aussi diversifié et complexe que le sujet de l’alimentation lui-même, CFS/RCÉA fournit une ressource essentielle à ceux qui s’intéressent aux innombrables façons dont les humains, la nourriture et les environnements naturels et bâtis se construisent les uns les autres.

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Numéro courant

Vol. 12 No. 1 (2025): Exploring carceral food systems: Tensions, experiences and possibilities
Title reads: Carceral Food Systems under an image of a tomato plant and a chain intertwined. The tomato plant appears to break through the chains.

« Elle avait rapporté la viande qu’elle aurait dû manger elle-même et elle était déjà en train de la faire réchauffer sur un gril, pour son père, qui, vêtu d’une vieille robe de chambre grise et d’une calotte noire, attendait son souper. Une nappe blanche couvrait la table devant laquelle il venait de s’asseoir ; fourchette, couteau, cuiller, salière, poivrière, verre et pot d’étain pour la bière, rien n’y manquait, pas même certains excitants variés, spécialement destinés à aiguiser l’appétit du doyen, tels que sa petite fiole d’essence de poivre rouge et une soucoupe où s’étalaient pour deux sous de cornichons. »

La petite Dorrit, Charles Dickens [trad. William Little Hugues], 1857

Le « elle » de ce passage est Amy Dorrit. La table autour de laquelle Amy, son père William Dorrit et son invité Arthur Clennam se réunissent est parfaitement ordinaire. Le fait qu’elle se trouve entre les murs de la prison des débiteurs de La Maréchaussée la rend moins banale.

Les lectrices et lecteurs peuvent se demander comment tout cela fonctionne. Qui paie la nourriture que William et les autres mangent ? Et qui la prépare ? Quel type de repas y est servi ? Existe-t-il des restrictions quant aux aliments qui peuvent être apportés ? Que se passe-t-il si personne de l’extérieur n’est disponible pour fournir de la nourriture aux personnes incarcérées ou ne souhaite le faire ? Comment acquièrent-ils tous les accessoires de la table ? La table de Dorrit semble comporter un certain luxe mais, en tant que « père de La Maréchaussée », a-t-il certains privilèges que les autres n’ont pas ?

Les directrices et les auteures de notre section thématique se penchent sur l’alimentation et les systèmes carcéraux dans le contexte canadien contemporain. Les quatre articles décrivent les réalités complexes des personnes incarcérées, pour qui l’alimentation peut être synonyme de violence et de punition, mais aussi de renforcement de la communauté, d’autonomisation et de dignité.

Dans un ordre d’idées qui n’est pas étranger à la section thématique, Michnik et ses collaborateurs s’intéressent à d’autres cuisines institutionnelles : ils étudient les voies pour élaborer un programme d’alimentation scolaire durable en Saskatchewan.

Ensuite, il y a une histoire de fantômes. Il s’agit en fait de l’étude de la pêche à l’oursin vert des Wolastoqiyik Wahsipekuk par Charlotte Gagnon-Lewis. Nous laisserons à Gagnon-Lewis le soin de vous dire qui sont les fantômes et comment nous pouvons le mieux interagir avec eux. Dans le même ordre d’idées, Lowitt et ses collaborateurs partagent leurs idées clés pour renforcer la résilience de l’agriculture et de la pêche.

Dans son article au titre intrigant « Vous voulez mon argent ? Dansez ! », Bryan Dale examine le rôle des consommateurs en tant qu’ils contribuent à une transition juste du système alimentaire ou la restreignent (p. 114). Dans leur commentaire, Wilkes et ses collaborateurs tirent les leçons du Conseil consultatif de la politique alimentaire du Canada sur la manière de renforcer la gouvernance démocratique en temps de crise. Dans sa série de collages d’objets trouvés Milk & Bread, Susan Goldberg documente d’ailleurs cette période de crise du point de vue des femmes et des mères qui ont porté le poids de l’augmentation des tâches domestiques et de la garde des enfants pendant les confinements et les fermetures d’écoles liés à la COVID (p. 163).

Pour ceux d’entre vous qui disposent d’espace dans leur bibliothèque – si ce n’est pas le cas, nous recommandons d’empiler les livres ou de les poser astucieusement sur le sol – Johanna Wilkes et Penelope Volinia passent en revue les ouvrages The Serviceberry: Abundance and Reciprocity in the Natural World de Robin Wall Kimmerer et The Lost Supper: Searching for the Future of Food in the Flavors of the Past de Taras Grescoe.

Nous concluons ce numéro avec notre Questionnaire Choux. Joshna Maharaj, cheffe, activiste, conférencière et auteure de Take Back the Tray: Revolutionizing Food in Hospitals, Schools, and Other Institutions, nous parle de sa plus grande réussite culinaire. Sa description a éveillé chez certains d’entre nous l’espoir de lui soutirer une invitation à manger : « J’ai préparé un jour cette poitrine de porc rôtie au masala à laquelle je pense encore dans des moments de calme. »

De même, nous vous souhaitons un moment de calme pour réfléchir à la poitrine de porc, au lait et aux oursins verts ainsi qu’à la myriade de questions, de défis et de solutions proposés par nos auteurs et auteures.

Bonne dégustation!

Image de couverture par Paterson Hodgson

 

 

Publié-e: 2025-05-09

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