«Nous ne devrions pas toujours avoir à être résilients »
une analyse critique du discours sur la résilience et l’équité du système alimentaire à Toronto, en Ontario, à l’ère de la polycrise mondiale
DOI :
https://doi.org/10.15353/cfs-rcea.v12i2.706Mots-clés :
Canada, food policy, food systems, food system resilience, inequity, TorontoRésumé
Ces dernières années, la résilience des systèmes alimentaires est devenue une priorité politique pour les gouvernements municipaux, notamment en raison des préoccupations liées aux changements climatiques, aux effets de la COVID-19 et à l’augmentation de l’insécurité alimentaire au Canada. Le terme « résilience » est souvent utilisé pour décrire la capacité des individus, des communautés, des nations et des systèmes à se remettre d’une perturbation. Cependant, dans le discours politique, il est fréquemment employé sans définition ou explicitation quant à qui ou quoi devrait être résilient. L’utilisation ambiguë du terme peut conduire à des politiques inadéquates et, souvent, ne permet pas de résoudre les problèmes systémiques qui créent des inégalités d’ordre social et alimentaire dans les municipalités. Notre analyse porte sur la façon dont la Ville de Toronto a fait intervenir la résilience dans les discussions sur les politiques touchant le système alimentaire et compare le portrait qui s’en dégage avec les perceptions de la résilience qu’ont les acteurs du système alimentaire de la communauté locale. L’analyse de seize (n=16) documents municipaux et de vingt-huit (n=28) entrevues avec des informateurs clés révèle que la rhétorique de la résilience a peu d’influence sur les politiques alimentaires. Au contraire, elle est souvent utilisée pour décrire un système alimentaire idéalisé et fait indirectement porter aux individus la responsabilité de la résilience dans un contexte de crises permanentes et multiformes. L’étude contribue aux discussions critiques sur la résilience qui ont cours dans la littérature sur les systèmes alimentaires, en soutenant que souvent, la résilience renforce la mentalité néolibérale qui privilégie la résilience du système économique au bien-être des populations. À Toronto, la mise en œuvre de projets alimentaires locaux, culturellement adaptés et dirigés par la communauté constitue une étape positive. Cependant, nous suggérons que les chercheurs, les praticiens et les décideurs du système alimentaire recourent au concept de « résilience » de manière plus critique et avec des intentions plus précises, en étant conscients des systèmes d’oppression et d’exploitation inhérents à ce concept.
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© Jenelle Regnier-Davies, Sara Edge 2025

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