Repenser les compétences

cartographier les mesures prises par les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et locaux en matière de pertes et de gaspillage alimentaires au Canada

Résumé

Cet article utilise des données issues d’entretiens avec des acteurs politiques et d’une recherche systématique sur les sites Web gouvernementaux afin de déterminer comment les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et locaux du Canada traitent les pertes et le gaspillage alimentaires et comment les parties prenantes interprètent la délimitation des compétences en la matière. Les résultats montrent que les politiques gouvernementales concernant cet enjeu constituent un patchwork de mesures disparates et redondantes adoptées par les gouvernements de différents paliers et par divers ministères et organisations (ex. : environnement, agriculture, économie). Seules quelques-unes de ces politiques ont été identifiées comme ayant l’objectif explicite de réduire ce gaspillage ou de détourner les pertes des décharges. En fait, la plupart des politiques n’avaient pas d’objectifs liés aux pertes et au gaspillage alimentaires (ex. : améliorer la rentabilité du secteur agricole), mais avaient tout de même un effet réel ou potentiel sur la création ou la gestion de ce type de gaspillage. L’attribution du pouvoir en matière de pertes et de gaspillage alimentaires au Canada reste floue, certes, mais l’examen des transcriptions des entretiens révèle que les acteurs politiques concernés ont une vision limitée lorsqu’il s’agit de savoir quelles entités gouvernementales sont responsables d’un tel dossier. Nous soutenons que le manque de clarté dans la répartition des compétences empêche une gouvernance plus complète en matière de pertes et de gaspillage alimentaires. S’il est possible de clarifier qui a la responsabilité de cet enjeu, les acteurs politiques doivent aussi repenser leur compréhension même des compétences. Nous mobilisons le concept de « travail des compétences » de Valverde pour présenter une autre façon d’interpréter cette notion qui ouvre de nouvelles possibilités pour la gouvernance en matière de pertes et de gaspillage alimentaires.