Nourrir ses enfants en étant asiatique

les expériences de familles immigrées en matière de repas scolaires au Canada

Résumé

Pour nourrir leurs enfants dans un nouveau pays, les parents immigrés doivent continuellement faire preuve d’adaptation. L’exposition des enfants à de nouvelles pratiques alimentaires à l’extérieur de la maison peut parfois entrer en conflit avec les efforts des parents pour maintenir les habitudes alimentaires traditionnelles. Cette étude qualitative explore les facteurs qui influencent les décisions quotidiennes de parents asiatiques immigrés concernant l’intégration d’aliments culturels dans les boîtes à lunch de leurs enfants à Toronto, au Canada. À l’aide d’entretiens par l’art, 19 enfants fréquentant l’école primaire (âgés de 7 à 13 ans) et 17 parents d’origine indienne et chinoise ont fait part de leurs expériences. Les résultats révèlent que l’identité alimentaire de la famille et la facilité à cuisiner des recettes familières encouragent l’inclusion d’aliments culturels, tandis que les expériences directes et indirectes de honte quant au contenu de la boîte à lunch et l’environnement alimentaire de l’école la découragent. Des facteurs tels que les préférences des enfants, la perception des parents de ce que constitue une alimentation saine et les caractéristiques démographiques de la classe influencent les décisions parentales dans les deux sens. Ces résultats indiquent que les repas scolaires faits maison manifestent à la fois l’héritage culturel des familles immigrantes et l’évolution de leurs habitudes alimentaires au Canada. Nous soutenons qu’il y a là des enjeux importants pour le prochain programme national d’alimentation scolaire : s’il n’est pas mis en œuvre de façon réfléchie en tenant compte de l’inclusion culturelle, il risque de marginaliser davantage les modes d’alimentation non dominants et de miner l’agentivité culturelle des familles immigrantes.